#02 I Rencontre avec les Goffard sisters
Aujourd’hui, rencontre avec Géraldine Goffard. Son nom vous dit peut-être quelque chose, puisqu’elle et sa sœur Sophie, ont créé leur entreprise « Goffard Sister ». Ensemble, elles proposent d’une part les pâtes artisanales (100% d’origine belge) Les Frangines, et d’autre part les pâtes Aldento, des pâtes enrichies… à la farine d’insecte !
Comment cette idée saugrenue a-t-elle émergé dans la tête des deux sœurs ? Car oui, il faut savoir que ce n’était pas la vocation de Sophie, ni de Géraldine, respectivement assistante de direction et gestionnaire de marché publique à cette époque. Pourtant, l’envie de troquer leur routine contre un métier qui a plus de sens à leurs yeux trottait de plus en plus dans leurs esprits… Mais quelle voie emprunter ?
C’est lors d’un voyage humanitaire au Bénin que Géraldine s’essaye aux insectes pour la première fois : pour elle, le voyage et la découverte, ça passe aussi par l’assiette ! Sa première dégustation à base de tomates, d’oignons et de chenilles est une révélation. A son retour en Belgique, elle décide de s’intéresser plus amplement à l’alimentation à base d’insectes.
Au Bénin, Géraldine avait pris conscience des bienfaits nutritifs des insectes, mais c’est par la suite qu’elle se rendra compte de tous les autres avantages environnementaux qu’apporte ce régime alimentaire. Selon Géraldine, il serait dommage de bouder cette alternative à la viande… Son nouvel objectif ? Amener l’insecte petit à petit dans nos assiettes… Un challenge loin d’être facile à relever !
Après avoir essayé d’initier (en vain) son entourage aux insectes en passant par la cuisine africaine, Géraldine ne s’arrête pas là et se demande comment elle pourrait amener l’insecte dans l’alimentation de ses proches, mais cette fois, de manière plus subtile... Pour ce faire, elle commande des insectes (séchés) sur Internet et décide de finalement les écraser afin d’en faire une farine. Que faire avec ? Des burgers ? Non. Du pain ? Bof, pas trop… Pourquoi pas des pâtes ? Mais oui, tout le monde aime les pâtes !
Une fois ses proches conquis par les pâtes à la farine d’insecte, Sophie (qui traitait dans un premier temps sa sœur ainée de folle quand il était question de manger des insectes…) s’est elle aussi donné pour défi d’intégrer les petites bêtes dans l’assiette des gens. Ca y est, les sœurs Goffard l’ont trouvée, leur nouvelle voie !
Les sœurs Goffard ont commencé la production de pâtes en 2014, et même à cette époque, pas facile de faire changer les mentalités… Sur les foires et marchés, les dégustations des pâtes Aldento goûtent bien aux gens... jusqu’à qu’ils apprennent à quoi elles sont enrichies ! Les sœurs sont conscientes qu’elles vont devoir redoubler d’effort afin d’intégrer la nourriture à base d’insectes dans les habitudes alimentaires des gens… En parallèle, elles ont donc développé une gamme de pâtes 100% Belges et 0% insectes appelée : les pâtes « les Frangines ».
Deux défis se dressent désormais devant les Sisters : Le premier est d’amener l’insecte dans l’assiette des gens. Pour cela, les filles ont dû retravailler la texture, la couleur, les goûts, les formes, afin de rassurer les plus dubitatifs. Le second n’est d’autre que la fabrication de pâtes artisanales en elle-même. Les sols d’où proviennent les céréales sont différents d’un agriculteur à l’autre, et donc, les farines qui en découlent aussi. Il est alors indispensable de réadapter la recette à chaque fois : talent et expertise sont de mises !
Hormis le fait que les insectes puissent en dégouter certains, un autre aspect cause des réticences…
« Les gens trouvent nos pâtes sont trop chères car ils les associent trop facilement aux pâtes traditionnelles… Or, c’est loin d’être uniquement des pâtes ! Nos pâtes contiennent plus de vitamines (b12), des bonnes graisses (oméga 3, omega 6), et elles sont très riches en zinc et en fer » nous explique Géraldine. Ce n’est pas pour rien que 80g de pâtes Aldento évincent sans problèmes 75g de bœuf : 10% de farine d’insecte leur suffisent pour être plus nourrissante qu’un steak.
Alors oui, le prix au plus cher au kilo, mais on finit par en consommer moins, et à l’assiette, cela ne revient pas si cher que ça…
Géraldine nous raconte les motivations d’elle et sa sœur vers une démarche plus durable : pour elles, si on peut faire du bien à l’environnement, et aussi aux gens, c’est le combo gagnant ! Car oui, la cause environnementale et sociétale est aussi un aspect à ne pas négliger chez les Goffard Sister, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle elles ne souhaitaient pas délocaliser leurs ateliers : afin de créer de l’emploi et de valoriser le travail belge, mais aussi de réduire leur impact écologique.
Le souhait de Géraldine était de collaborer avec une association luttant contre la malnutrition infantile. Bien qu’elle n’ait pas encore tout à fait concrétisé ce projet, elle ne baisse pas les bras et espère conquérir dans un premier temps la population belge avec ses pâtes avant de revenir sur ces ambitions.
En attendant, sa sœur Sophie et elle aimeraient continuer d’amener l’insecte de façon naturelle dans nos assiettes en élaborant d’autres produits uniques, sains, et éthiques… Restez à l’affut !
